Temps de Pâques
Heureux ceux qui croient sans avoir vu !

voici 2 Méditations du 2ème dimanche de Pâques : la paix soit avec vous !
1ère méditation : Le père jésuite Éric Kambale nous introduit à la méditation avec les textes du deuxième dimanche de Pâques, dimanche de la Divine Miséricorde
Lectures : Ac 2, 42-47 ; Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24 ; 1P 1, 3- 9 ; Jn 20, 19-31
Chers frères et sœurs en ce deuxième dimanche de Pâques nous célébrons la divine miséricorde. La page de l’évangile selon Saint Jean proposée à notre méditation nous invite à trois attitudes fondamentales : la paix, la miséricorde et la foi.
Au moment où Jésus apparait à ses disciples troublés et enfermés dans la maison par peur des Juifs, il leur donne sa paix. « La paix soit avec vous », dit Jésus. Il sait bien que dans l’agitation et la peur leurs cœurs seront lents à s’accorder au mystère de la résurrection. La paix avant toute chose. Cette paix que le Christ donne est plus que jamais indispensable pour nous aujourd’hui. La souffrance et le désarroi que causent les multiples guerres sèment le trouble dans les cœurs des fils et filles de Dieu. Comment saurait-on être pleinement attentif au prochain et à Dieu sans la paix ? La paix est la base sur laquelle se construira une véritable fraternité humaine. Le Seigneur nous donne sa paix telle qu’il a donnée à ses disciples. Demandons-lui la grâce d’être à notre tour les dispensateurs de cette paix.
« Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus ». Le Christ communique aussi à ses disciples la tâche de la miséricorde. Chacun de nous peut entendre s’adresser à lui cette exhortation au pardon. N’enfermons pas nos frères et nos sœurs dans les torts qu’ils ont commis envers nous. Certainement qu’ils les regrettent et se sont déjà repentis. Libérons-les, et en même temps libérons-nous par le pouvoir de la miséricorde. Seigneur, apprends moi à pardonner.
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Alors que dès son commencement, l’évangile selon Saint Jean insiste sur les signes à voir et la foi qui en découle, en cette dernière partie, Jésus inverse le mouvement. La foi est primordiale. Dès lors, il est question de croire, même sans avoir vu. C’est fort de cette foi que nous qui n’avons pas physiquement vu Jésus nous perpétuons la confession de foi de Thomas, qui est le jumeau de chacun d’entre nous, en appelant Jésus notre Seigneur et notre Dieu.
La paix, la miséricorde et la foi construisent la communauté chrétienne à l’exemple de celle que les Ac tes des Apôtres nous décrivent dans la première lecture. Les mêmes valeurs de paix, de miséricorde et de foi nous font renaître à la résurrection du Christ comme nous l’affirme l’Apôtre Pierre dans la deuxième lecture.
Chers frères et sœurs, prions le Seigneur afin qu’il fasse chaque jour grandir en nous la paix, la miséricorde et la foi. Amen.
2ème méditation P. Damien Stampers
L’idéal de la foi.
Nous avions rencontré Thomas, le dimanche avant les Rameaux lors de la résurrection de Lazare. A cette époque, il était prêt à mourir avec Jésus. Nous le retrouvons, cette fois-ci, après la résurrection du Christ. Lui qui n’a pas été capable de mourir avec Jésus, contrairement à ce qu’il disait, il a bien du mal à croire à la résurrection du Christ. Thomas est comme nous, il est plein d’idéal, il s’enflamme vite et parle beaucoup plus qu’il n’agit. Il a aussi besoin de voir et de toucher pour croire. Qui serions-nous pour lui jeter la première pierre ?
I/ Thomas a raison.
La résurrection n’est pas à proprement parler un évènement historique, non pas qu’elle n’ait pas eu lieu, mais parce qu’il n’y a pas de témoins du moment de la résurrection. Il n’y a rien à voir, si ce n’est un tombeau vide, rien à toucher, si ce n’est un linceul plié. La résurrection nous échappe, elle échappe à nos yeux et à notre raison. Il est plus facile de ne pas y croire que d’y croire dans notre monde fondé sur la raison. On croit ce que nos yeux ont vu, même à l’époque de Photoshop. On croit à ce que nos mains ont touché, même si la réalité est parfois bien différente de l’apparence des choses. Thomas est le croyant normal qui a besoin de voir et de toucher pour croire.
II/ Croire sans voir.
Pourtant, il nous faut, dit Pierre dans le 2nde lecture : « aimer sans avoir vu et croire sans voir encore. » Cela s’appelle la foi, une foi qui guide l’Eglise depuis 2000 ans et qui ne repose sur aucun fait concret, si ce n’est le témoignage des apôtres et les Ecritures. La foi avance dans l’obscurité, la foi ne vit que par cette espérance qui nait du cœur de l’homme que la vie est plus forte que la mort et que l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous est sans limites et gratuit. La foi est portée par des témoins depuis les premiers temps de l’Eglise. Ces témoins n’étaient pas dans l’obscurité du tombeau, mais ils ont rencontré dans leur vie et dans leur cœur le Christ ressuscité. Il n’est pas anodin qu’un des piliers de l’Eglise soit Paul qui n’a jamais rencontré Jésus de son vivant et qui pourtant affirme : « ce n’est plus moi qui vit, c’est lui qui vit en moi. » Le témoin est celui qui a connu la joie de la rencontre du Christ vivant et ressuscité dans son cœur et dans sa vie, comme Paul. Le ressuscité n’est pas dans le tombeau, il est vivant en nous dans le cœur de chaque croyant.
III/ Ce qu’il faut voir pour croire.
Alors, n’y a-t-il rien à voir et à toucher ? L’évangile de ce jour nous dit aussi, à travers les gestes de Thomas, que l’on peut voir le corps du Christ et le toucher. Le corps du Christ que nous pouvons voir et toucher c’est d’abord le pain et le vin eucharistique. Mais le corps du Christ que l’on peut voir et toucher nous est aussi décrit dans la première lecture, celle des Actes des apôtres : ce Corps c’est l’Eglise elle-même, la communauté des croyants qui vivent de la joie pascale. Le monde est rempli de Thomas et ce qu’ils peuvent voir et toucher, c’est ce que nous sommes, c’est notre foi et la joie que nous dégageons. L’Eglise ce n’est pas que les papes ou les prêtres, l’Eglise, corps du Christ c’est l’ensemble des croyants qui vivent de la Bonne Nouvelle de Pâques, dans l’unité, le partage et la joie. L’Eglise devrait être ce corps du Christ que les Thomas de notre monde peuvent approcher, toucher, voir. Ils ont peut-être du mal à le voir car nous manquons bien souvent de joie, d’unité, de fidélité à la pratique dominicale. Quel signe donnons-nous quand seulement 4% des baptisés vont à la messe le dimanche ? Quel signe donnons-nous quand la messe, la prière, le partage passent après tout le reste ? Quel signe donnons-nous à toucher et à voir quand nous passons notre temps à geindre, à pleurer, à critiquer, à nous diviser ? Quel signe donnons-nous à voir du ressuscité quand il n’y a plus de joie, de communion, d’allégresse et de simplicité en nous, quand nous refusons d’accueillir parmi nous ceux que l’Esprit nous envoie ? Bien souvent, les Thomas ne voient pas grand-chose et ne touchent pas grand-chose et ce n’est pas que de la faute des prêtres. Pourtant, nous sommes plus que des Thomas, nous sommes des Christ ressuscités depuis notre baptême et le visage que nous avons à donner à voir est le visage que les Thomas voient et touchent aujourd’hui. Je crois qu’il nous faut encore un peu de temps pour retrouver en nous cette joie de la résurrection, mais nous savons qu’avec l’aide de l’Esprit reçu à la Pentecôte nous pouvons nous aussi revivre avec le Christ et participer à sa résurrection.
P. Damien Stampers.